Depuis bientôt un an, le club de basket de Biscarrosse vit un rêve éveillé. Boris Diaw, légende du basket français, foule les parquets avec la modeste équipe de Départementale 3 (avant-dernier échelon sportif). Une parenthèse enchantée avec pour unique objectif d’enlever la Coupe des Landes.
Cette histoire commence comme une promesse que se font des amis sur le point de passer leurs vacances ensemble. Il fait chaud en ce mois de juin 2023 entre Biscarosse et la Dune du Pilat. L’été précédent, les flammes ont ravagé la région, et c’est peut-être de cette étendue de cendres, qu’est venu à l’idée de cette bande de copains – un peu plus grands que la moyenne – de reprendre du service. Alors que la rumeur circule au club de Biscarrosse depuis quelques semaines, le téléphone finit par sonner.
« Oui, bonjour, c’est Kevin Beesley à l’appareil. On est quelques amis, tous quadra, et nous aimerions signer dans votre club. » C’est en ces termes que Vincent Le Vern, vice-président du club se remémore la conversation. Non, le dirigeant du club qui envisageait vaguement de reconstruire une équipe seniors avec une génération de U17 plutôt prometteuse ne rêve pas. A l’autre bout du combiné, c’est le fils de Patrick Beesley, ancien directeur technique national, qui lui demande s’il peut rejoindre son club. Avec une surprise dans ses valises.
La coupe des Landes, une compétition sentimentale
« J’ai gagné une bague NBA, mais j’aimerais gagner la Coupe des Landes. » Aussi surréaliste que magnifique, cette phrase est bel et bien sortie de la bouche d’un géant de 2,03m : Boris Diaw. Car le clou du spectacle, c’est bien lui. Kevin Beesley, auteur du coup de téléphone, n’est que son émissaire. Il faut dire que ce Sahara français, poudré de sable blanc et qui ne connaît d’autre arbre que le pin comme disait le poète, a une saveur particulière pour l’ancien ailier fort de l’équipe de France. Sa maman, Elisabeth Riffiod – autre légende du basket s’il en fallait -, a joué quelques années au Stade Montois, pendant son enfance. Il est attaché à ce Sud-Ouest, il y vit et une compétition l’obsède : la Coupe des Landes.
A plusieurs reprises dans sa vie, Boris a donné des coups d’envoi, a assisté à des matches, mais soulever le trophée lui a toujours été interdit. Alors pour dérober le fruit défendu, l’ex des Spurs, ne vient pas les mains vides : Simon Darnauzan (Pro A), les frères Beesley donc, Nicolas Gayon (Pro B) mais aussi l’entraîneur Paco Laulhé (Pau-Orthez), sont de la partie. Ensemble, ils poursuivront le même objectif. Une sorte d’opération commando à la sauce landaise. Le club de Biscarrosse est évidemment partant, à la seule et unique condition que tout ce beau monde joue quelques rencontres en D3, et pas seulement la Coupe. L’accord est trouvé.
« Profitez, faites des photos, ces moments rares vont passer vite »
A peine l’information était rendue public, que Vincent Le Vern, vice-président du Biscarrosse Olympique Basket prenait la mesure du phénomène. « Mon téléphone n’a plus arrêté de sonner. Des sollicitations médias, nationales et américaines. » De son propre aveu, c’est surtout la gestion des à-côtés qui est le plus dense. « Il a fallu faire acheminer quatorze tribunes amovibles, des chaises, dans notre beau gymnase on faisait maximum quatre tribunes les bons jours. Cette saison, c’est pratiquement 500 spectateurs », se remémore le bénévole, avant de reprendre un brin amusé. « Pour le premier match de Boris en Coupe, on a même Thomas Pesquet qui est venu ! On n’a dû bricoler une zone VIP. »
Côté sportif, le club qui fêtera prochainement ses cinquante bougies sait qu’il a probablement vécu l’une, sinon la plus belle des saisons jusqu’à aujourd’hui. « J’ai rapidement conseillé à tous les bénévoles, à tous les membres du club de prendre des photos, de profiter de chaque instant, je leur ai dit que la saison passerait vite. C’est le cas. » L’équipe surnage en championnat, elle montera d’ailleurs l’an prochain en Départementale 2. En Coupe, – la fameuse -, les tours ne sont pas toujours de tout repos, mais le commando landais s’en sort à chaque fois, jusqu’à obtenir sa place en finale.
« On a énormément gagné en expérience ! »
Aujourd’hui, à quatre quarts-temps d’un potentiel sacre qu’il « n’aurait jamais imaginé » pour son club, Vincent Le Vern préfère retenir le bon plutôt que de se laisser gagner par la nostalgie. « Ici, tout le monde est conscient qu’on a énormément gagné en expérience. Les anciens U17 qui se sont entraînés et ont parfois joué des matches avec tous ces pros, ils ont pris 3-4 ans d’un coup ! Notre éducateur, qui a pu côtoyer Paco Laulhé, m’a confié qu’il n’avait jamais autant appris. »
Alors que cette saison historique touche à sa fin, Vincent Le Vern conclut avec émotion. « Plus personne ne peut ignorer qu’il y a un club à Biscarrosse. » Dans les travées du gymnase de l’Arcanson, il se murmure qu’un ou deux joueurs resteront peut-être. Mais pas Boris, c’est sûr.